Le psychanalyste intérieur, l’Ami

De rêve en rêve travaillé, le symbolisme du Soi nous accompagne de l’intérieur de nous-mêmes et nous refonde. Le praticien de la psychanalyse symbolique est formé pour aider le sujet à vivre une relation initiatique profonde avec ce symbolisme. Il a une fonction humble d’interprète de la langue du symbole. Il n’impose aucune vérité de l’extérieur et n’enferme pas le sujet dans un diagnostic préétabli. Mais il vise à lui faciliter l’écoute de cet accompagnement qui se manifeste de l’intérieur de l’analysant. Empiriquement, dans l’expérience de la relation analytique, le praticien est certes le psychanalyste, l’accompagnant du sujet en analyse, mais en réalité, le vrai psychanalyste, le vrai accompagnant est à l’intérieur, c’est le Soi qui traverse et interpelle de l’intérieur aussi bien le praticien que son client.

Le psychanalyste symbolique est le praticien qui sait que le véritable psychanalyste est intérieur et que sa fonction en tant que praticien consiste à ancrer son client dans l’information symbolique d’un «troisième» intérieur (par rapport à eux deux), le Soi, qui est le cœur vivant de la relation analytique. Ainsi, celle-ci n’est-elle pas une relation duelle, mais le praticien et son client se réunissent autour d’un troisième, le Soi, qui se manifeste au travers du matériau objectif du symbole (rêve ou synchronicité). Cela transforme radicalement tout le contexte du transfert dans la relation analytique. Dès la première séance de travail, le psychanalyste symbolique est en effet formé pour mettre en relation l’analysant avec ce «troisième».
L’analysant est d’emblée amené par son analyste à intégrer que le centre de leur travail n’est pas la relation formelle qu’il entretient avec lui, mais la relation que les deux vivent avec le Soi au cours de l’analyse des rêves. Ces derniers se chargent d’ailleurs eux-mêmes très vite d’enseigner cette vérité.
Ainsi, la veille de sa première séance d’analyse, une femme reçoit ce rêve, alors qu’elle n’a encore jamais rencontré son analyste, et qu’elle ne connaît pas très bien le travail qui va lui être proposé : elle sonne à la porte de l’analyste, mais c’est l’ami intime de celui-ci qui vient lui ouvrir et la conduit comme pour être conviée à un festin dans la salle à manger.
Il était facile à l’analyste symbolique d’expliquer à cette personne l’esprit du travail qu’ils allaient faire et qui était enseigné d’entrée de jeu par ce rêve. Sa fonction en tant que psychanalyste symbolique n’était rien d’autre que de la mettre en relation de travail initiatique très nutritive et très réjouissante avec son «ami intime» intérieur, le Soi. Le psychanalyste symbolique a pour motivation de faire connaître à toutes les personnes qu’il accompagne son «ami intime», l’Ami intérieur qui est au cœur de tous les humains. Le psychanalyste symbolique s’efface derrière l’Ami au cours du processus. Ainsi, dès la première séance d’analyse se prépare déjà la fin de la psychanalyse : le moment de la séparation d’avec le psychanalyste devenu (et reconnu) comme inessentiel, puisque l’essentiel, c’est la relation à l’Ami. A la fin de l’analyse, le psychanalyste symbolique se retire et il ne reste plus alors à l’analysant que sa relation personnelle au Soi, qui se sera formée au cours du processus.

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